Pour une microfinance sociale au service des plus vulnérables
L’équipe d’Entrepreneurs du Monde était au Forum Mondial de la Microfinance, organisé mi-mars à Berlin par Uniglobal.
Partage de notre expertise, défense de notre vision très sociale de la microfinance et échange entre pairs étaient au programme de ce rendez-vous.
Marie Ateba-Forget, responsable du pôle Microfinance Sociale, est intervenue sur deux sujets au cœur de l’action d’Entrepreneurs du Monde, aux côtés d’autres acteurs du secteur.
Retour sur les messages clés de ses prises de parole, comme si vous y étiez !
Comment atteindre les personnes exclues du système bancaire ?
Pour Entrepreneurs du Monde, la microfinance sociale est un outil très efficace pour lutter contre la pauvreté, en particulier dans les contextes fragiles où la majorité de la population vit dans le secteur informel.
Nous créons et incubons des institutions de microfinance sociale de droit local, qui ciblent les personnes extrêmement vulnérables, exclues des services de microfinance existants faute de garanties.
Notre méthodologie unique repose sur :
- Une relation très étroite avec nos bénéficiaires : ceux-ci se constituent en groupes de 15-30 personnes au sein de leur communauté, que nous rencontrons toutes les 2 à 4 semaines.
- Un accès au crédit facilité à travers la proximité géographique des agences, des prêts adaptés à leur capacité de remboursement, l’absence de garantie et des services d’épargne.
- Des services complémentaires tels que des formations, un accompagnement social ou du conseil agricole. Dans deux pays, nous avons créé une assurance santé adaptée à leurs besoins.
Nous sommes convaincus qu’avoir une mission sociale forte est le seul moyen pour les acteurs de la microfinance de servir avec succès les populations les plus défavorisées. C’est pourquoi nos entreprises sociales respectent des normes de performance sociale très exigeantes.
L’un des principaux défis auxquels nous sommes confrontés est la réglementation, souvent proche de celle du secteur bancaire traditionnel, qui ne tient pas compte des spécificités des institutions de microfinance sociale. Nous misons beaucoup sur le statut d’entreprise sociale qui émerge dans certains pays.
Comment les services financiers favorisent-ils l’émancipation économique des femmes ?
L’émancipation économique des femmes est essentielle pour atteindre l’égalité des genres. C’est pourquoi elle fait partie intégrante de notre mission ! Notons que 85% de nos bénéficiaires sont des femmes.
L’émancipation économique des femmes est possible grâce au développement de services de microfinance sur mesure. C’est pourquoi notre méthodologie est adaptée aux besoins des femmes vulnérables et tient compte de leurs ressources limitées à la fois en termes d’éducation, de connaissance de leurs droits, de mobilité et de capacité à fournir des garanties.
Dans un souci de cohérence, les acteurs de la microfinance doivent aussi promouvoir l’émancipation économique des femmes dans leur propre fonctionnement, en garantissant un environnement de travail où leurs compétences sont valorisées et où elles peuvent évoluer.
Enfin, il est essentiel de s’attaquer à la violence de genre, dans une situation où il existe une asymétrie de pouvoir entre la personne qui prête de l’argent et celle qui emprunte. Notre personnel est ainsi formé pour assurer un traitement équitable et respectueux des clientes, et un référent est désigné dans chaque entreprise sociale. Il s’agit d’un défi majeur auquel l’ensemble du secteur de la microfinance doit rester attentif !