L’Essentiel de notre action 2019

AVANCÉES

Priorité croissante aux agriculteurs

En 2019, nous avons accordé 20 000 crédits à de petits agriculteurs, avec des modalités de remboursement adaptées à la saisonnalité de leurs productions.

De plus, nos conseillers techniques agricoles ont réalisé 117 écoles-au-champ auprès de 2 000 agriculteurs pour les former à des techniques peu coûteuses et respectueuses de l’environnement. Ils ont appris, par exemple, à fabriquer des pesticides naturels, à faire une pépinière sur pilotis, à produire leur compost en tas et à bien irriguer leur parcelle.

Enfin, les animateurs ont été formés à 30 nouveaux modules sur les techniques agricoles.

Les agriculteurs sont très satisfaits de cet accompagnement complet, que nous allons étendre dans toutes les agences en milieu rural, en 2020.

Autonomisation d’IMF* & naissance de nouvelles

Au Myanmar, Sont Oo Tehtwin, créée en 2014, accompagne plus de 10 000 micro-entrepreneurs et a atteint l’équilibre financier en 2019. L’équipe de 60 salariés est maintenant animée par une directrice birmane. Au Burkina Faso et en Haïti, malgré une situation socio-politique tendue, Yikri et Palmis Mikwofinans Sosyal font preuve d’une grande résilience, poursuivent leur croissance et se rapprochent de l’autonomie financière. Quant à Munafa en Sierra Leone, la petite dernière créée début 2019, elle accompagne déjà 1 775 micro-entrepreneurs.

Enfin, en Côte d’Ivoire, nous avons préparé l’ouverture d’une IMF en 2020.

DIFFICULTÉS

En Guinée, l’équipe WAKILI nécessite de monter en compétences et a été confrontée à des grèves et violences dans les quartiers où elle agit. Ces difficultés internes et externes ont généré des retards de remboursement des crédits et un manque de rigueur dans le respect des procédures opérationnelles. Pour sortir de ces difficultés, l’équipe a été très soutenue par les référents techniques d’Entrepreneurs du Monde et par son Conseil d’Administration.

Aux Philippines, notre désengagement de deux programmes, planifié à l’horizon fin 2020 a été accéléré par les difficultés à partager avec eux une vision commune sur la façon de toucher les familles les plus démunies. Néanmoins nous répondrons à leurs demandes d’appui spécifiques.

AVANCEES

L’année 2019 a été une année de renforcement et de consolidation. Nous avons fait monter en compétences les équipes, révisé et consolidé avec elles les procédures, les outils et les contenus de formation et d’accompagnement. Les programmes ont désormais un positionnement et une expertise clairs et reconnus dans leur écosystème local, ce qui a permis de mettre en place des partenariats avec des organisations locales, de nouveaux projets et des extensions géographiques.

DIFFICULTES

La participation des femmes dans la création ou le développement d’entreprises reste encore problématique. Par ailleurs, les jeunes entrepreneurs rencontrent encore des difficultés pour accéder aux services financiers.

D’autre part, le marché de l’emploi reste étroit et nous oblige trop souvent à orienter les porteurs de projet vers des postes en stage ou en CDD.

Nous avons déjà identifié des solutions pour 2020.

INNOVATION

Pour répondre au faible niveau d’éducation et de formation technique et professionnelle, notamment des jeunes et des femmes, nous avons décidé de concevoir et créer en Afrique de l’ouest, un modèle d’entreprise-école, c’est-à-dire une entreprise avec une stratégie commerciale classique et une double mission sociale :

• recruter, former et accompagner dans la durée, des apprentis ;
• dynamiser le tissu économique en renforçant l’employabilité des apprentis d’une part et en soutenant la création et le développement de TPE d’autre part.

En 2019, nous avons finalisé le modèle et préparé l’ouverture de trois entreprises-école en 2020 :

• au Togo, sur la gestion des déchets ;
• au Burkina Faso, sur les services à la personne ;
• au Sénégal, sur la filière des produits fruitiers transformés.

FORMATIONS ET CRÉDIT AGRICOLES

Nous avons ouvert des agences en milieu rural, et recruté une agronome et des techniciens agricoles pour donner les moyens à nos équipes de microfinance sociale d’accompagner des agriculteurs, de développer pour eux des formations agricoles et des crédits remboursables après récolte.

FILIÈRES COMPLÈTES

Nous avons aussi initié une approche par filière, innovante, complète et durable, pour accompagner les petits producteurs, d’abord dans la région de Matam, au Sénégal. Nous avons commencé par le cœur de la filière : des greniers de stockage de produits agricoles, dont nous avons dressé et testé un premier modèle avec CRAterre*.

Dès mars 2019, nous avons construit un premier grenier qui nous a permis de tester le modèle : 35 tonnes d’oignons ont été stockées pendant 4 mois, puis revendues avec succès à un prix très rémunérateur parce que négociées en plus grosses quantités et au bon moment. Suite à cette 1re campagne, nous avons fixé avec les petits producteurs les prix justes de stockage pour la suite, précisant ainsi les hypothèses de notre plan d’affaire.

En novembre, la construction d’un 2e grenier a été lancée dans le village de Woudourou, à 35 km de Matam, avec les améliorations décidées grâce à l’expérience du premier pilote. Ce nouveau grenier aura une capacité de stockage de 100 tonnes !

L’objectif est désormais d’en construire 30 sur ce modèle, en 4 ans, le long du fleuve Sénégal.

Une réflexion a aussi été engagée pour envisager de stocker des céréales, dès la fin de saison de stockage de l’oignon, pour les revendre ensuite en période de soudure, à prix coûtant, aux familles les plus pauvres et à risques.

DIFFICULTES

La principale difficulté tient aux conditions de température : en saison chaude (mars à juillet), qui correspond à une forte période de travaux des champs, le thermomètre affiche régulièrement 48° à l’ombre, ce qui rend le travail extrêmement pénible. Les hommes et les femmes qui travaillent à la construction sont eux aussi mis à très rude épreuve durant cette période.

NOUVEL IMPACT

Depuis 2010, pour répondre aux besoins de cuisson et d’éclairage domestiques, nous avons développé une gamme qui améliore rapidement les conditions de vie des familles : elles bénéficient d’un éclairage puissant, fiable et propre et de réchauds qui dégagent moins de fumées nocives, sont plus rapides et consomment moins de bois.

En 2019, nous avons décidé de profiter aussi de l’énergie solaire pour développer les activités génératrices de revenus. Nous avons commencé à intégrer à notre gamme des pompes solaires, moulins à céréales, incubateurs à œufs solaires pour les agriculteurs, réfrigérateurs et foyers de grande taille pour les transformateurs et les restaurateurs, etc.

AVEC DEUX MODÈLES ECONOMIQUES

Nous avons d’abord déployé des microfranchises pour distribuer les équipements « au dernier kilomètre ». Mais viabiliser ce modèle reste un défi : les marges dégagées doivent permettre de viabiliser la structure tout en accordant des revenus suffisamment attractifs aux vendeurs microfranchisés et en offrant des prix accessibles aux populations vulnérables.

La pérennité de nos entreprises sociales nécessite donc une source de revenus complémentaire. Nous valorisons donc l’impact de nos projets, via les mécanismes de finance carbone.

Nous avons d’abord poussé cette approche en Haïti, où nous nous apprêtons déjà à changer d’échelle pour valoriser un plus grand nombre de réductions d’émission de carbone. En 2019, nous avons commencé, au Togo, le processus d’enregistrement au Gold Standard. Enfin au Burkina Faso, nous continuons notre partenariat avec L’Oréal qui permet à leurs productrices de beurre de karité de réduire leur consommation de bois et à L’Oréal de réduire son impact carbone.

Plus récemment, nous avons fait émerger un deuxième modèle : celui des micro-réseaux électriques solaires qui consiste à électrifier des villages complètement exclus des réseaux électriques nationaux, et à facturer aux ménages le service d’accès à l’énergie.

DIFFICULTES

En 2019, le contexte sécuritaire s’est fortement dégradé dans deux pays où nous agissons et a freiné nos développements.

En Haïti, l’effondrement de la monnaie nationale a déclenché une forte augmentation des prix des produits de première nécessité et des violences extrêmes de la part de gangs armés. Ce contexte a freiné les déplacements de l’équipe Palmis Eneji et ses ventes. Heureusement, une embellie en fin d’année a redonné à l’équipe l’espoir de reprendre le chemin de la croissance et de l’autonomie.

Au Burkina Faso, les attaques terroristes se sont multipliées et ont déclenché un état d’urgence qui a limité nos conditions de circulation et d’action. L’équipe de Nafa Naana a néanmoins su faire preuve de réactivité pour adapter ses activités.