Crise alimentaire : inflation des matières premières alimentaires et impact
Les différentes crises qui touchent actuellement la planète (guerre en Ukraine, covid-19, crises politiques, réchauffement climatique…) et certaines formes de spéculation impactent massivement les prix de matières premières, notamment ceux des produits alimentaires de base. Comme souvent, ce sont les plus pauvres qui sont le plus touchés. Le cas de l’inflation du blé est un exemple probant. Quelle est la situation actuelle dans les pays où nous agissons ? Quelles actions concrètes mettons-nous en place pour accompagner nos bénéficiaires ?
Inflation du prix du blé : le point sur la situation en Afrique et en Haïti
L’Afrique
La dépendance alimentaire de l’Afrique s’est accrue en raison de sa croissance démographique, de la modification des habitudes alimentaires et du dérèglement climatique (sécheresses, inondations) qui réduit sa production.
La Russie et l’Ukraine sont les premiers et cinquièmes fournisseurs de blé de la planète. Historiquement, la France était un fournisseur très important de l’Afrique mais dans les dix dernières années, elle a perdu une grande part de ses parts de marché au profit de la Russie. En Ukraine, il est probable qu’il y ait peu ou pas de récolte en 2022 (hommes à la guerre, femmes parties massivement). En Russie, la production n’est pas empêchée mais les exportations subissent un blocus colossal. Cette rareté mais surtout la spéculation (déjà inquiétante depuis 2000) fait s’envoler les prix du blé. Certes, les pays africains ne sont pas alignés et pourront acheter encore du blé russe mais l’inflation frappe tous les flux de blé (russe, français, etc.).
Parmi les pays où nous agissons, la Guinée et le Sierra Leone, sont déjà très touchés par la crise de la covid-19 et la guerre en Ukraine aggrave leur situation, même s’ils sont moins dépendants du blé russe que d’autres (Maghreb, Egypte) et les populations consomment des céréales traditionnelles (riz,mil, sorgho, etc.). En revanche, le Sénégal, lui, consomme plus de blé, et dépend plus de l’Ukraine et de la Russie. Certains Etats africains où nous agissons subventionnent le blé mais le gouvernement sénégalais ne pourra pas maintenir artificiellement le prix de la baguette à 175FCFA.
Haïti
Les multiples crises que traversent le pays ont un impact fort sur la précarité alimentaire d’une grande partie de la population. Haïti importe 70% des produits que l’on trouve dans les magasins, et une grande partie du blé, dont la majorité vient de Russie.
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a un système de notation des crises alimentaires avec des phases allant de 1 à 5. 13% de la population est en urgence alimentaire (Phase 4) et 32% en crise alimentaire (Phase 3). Le PAM recommande évidemment de redoubler d’effort sur l’aide d’urgence alimentaire mais également de combiner dès à présent cette aide avec un appui aux activité génératrices de revenus dans ces zones.
Les solutions d’Entrepreneurs du Monde
Pour Entrepreneurs du Monde, le souci alimentaire n’est pas un sujet nouveau. La crise actuelle alerte le monde aujourd’hui mais nous contribuons depuis longtemps à réduire cette vulnérabilité en aidant les agriculteurs à développer leur production et leur souveraineté, réduire l’insécurité alimentaire de tous, mais aussi en appuyant de manière plus globale les populations pauvres et limiter leur vulnérabilité par rapport aux risques et aux crises.
Focus illustré par des témoignages collectés en Guinée lors de la mission de notre cofondatrice, Armelle Renaudin, en mai 2022.
D’autres exemples d’actions concrètes
Armelle RENAUDIN, co-fondatrice : Pourquoi devons-nous appuyer les petits agriculteurs des pays en voie de développement ?
« Les populations africaines et haïtiennes souffrent très fortement de l’inflation sur les produits alimentaires de base. Et comme en France, une des solutions passe par la relocalisation, notamment en agriculture, pour garantir la sécurité alimentaire.
Le riz d’Asie coûte moins cher que le riz produit sur place en Afrique ! Le blé qui ne pousse pas en Afrique est dans toutes les assiettes au détriment de céréales locales dont la culture a été abandonnée ! Il y a quelque chose qui a été détruit et qui doit être rétabli !
Pour cette relocalisation, nous devons donner aux jeunes les moyens de rester à la terre, de pas être obligés de fuir les campagnes par faute de revenus et en quête d’un avenir très incertain dans les villes.
Ces jeunes nous le disent, ils veulent continuer à cultiver leurs terres familiales mais ils veulent pouvoir en vivre dignement !
Ensemble, ce changement est possible ! Une implication des gouvernements est nécessaire : entretien des réseaux de transport entre ville et campagne, accès à l’énergie dans les zones rurales.
Mais cela passe aussi par l’accompagnement des petits agriculteurs tel qu’effectué par les équipes d’Entrepreneurs du Monde. Et pour cela, vous pouvez, vous aussi agir : soutenez-nous ! »
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