L’essentiel de notre action 2023

L’essentiel de notre action 2023

24 juin 2024

Ensemble, en 2023, nous avons œuvré pour l’ESSENTIEL : réduire la pauvreté, accroître la dignité.

Dans certains pays, ça a été très dur : en Birmanie, Burkina Faso et en Haïti, la pauvreté et l’insécurité se sont aggravées. Mais partout, chaque pas franchi par un ou une entrepreneure a enclenché un changement majeur pour toute une famille.

162 964 entrepreneurs = 1 million de personnes en chemin vers l’autonomie
84 % de femmes
28% agriculteurs et agricultrices
12 pays, 21 équipes locales

Entrepreneurs du Monde est agréée par le Comité de la Charte du don en confiance. Elle est ainsi contrôlée en permanence sur son fonctionnement statutaire, sa gestion rigoureuse et désintéressée, sa transparence financière et sur la qualité de sa communication et de ses actions de recherche de fonds.

Nos réalisations sur 5 axes prioritaires

Inclusion économique et sociale

8 INSTITUTIONS DE MICROFINANCE SOCIALE
144 450 MICRO-ENTREPRENEURS ACCOMPAGNÉS
41 136 SÉANCES DE FORMATION
279 € PRÊT MOYEN

« En accompagnant les personnes marginalisées qui entreprennent, nous augmentons significativement leurs chances de réussir leur commerce, leur atelier ou leur production agricole, et donc de s’autonomiser et de sortir toute leur famille de l’extrême précarité ! »

Marie Forget, Responsable du pôle Microfinance Sociale

Une méthodologie intégrant les plus pauvres

Nous intégrons les micro-entrepreneurs dans une dynamique de groupe qui facilite l’inclusion sociale et le partage d’expérience : leur animateur rencontre ces groupes une fois par mois pour animer une formation interactive sur la gestion de leur activité ou sur une thématique sanitaire ou sociale.

Nous accordons des prêts à responsabilité individuelle, sans demander de caution ni garantie. Chaque prêt est adapté au besoin de l’entrepreneur (montant du crédit, échéancier des remboursements) pour prévenir tout risque de surendettement.

Nous encourageons, facilitons, sécurisons l’épargne individuelle pour aider les entrepreneurs à gérer les réapprovisionnements, les dépenses de rentrée scolaire et les imprévus de santé.

En milieu rural, des conseillers techniques agricoles accompagnent les petits producteurs : formations de groupe dans les champs, conseil individuel. Dans chaque IMF, des travailleurs sociaux aident à surmonter certaines difficultés qui pourraient fragiliser les progrès économiques et sociaux acquis (ex : absence de papier d’identité, conflit familial, violences subies, maladie, handicap, etc.).

De plus, dans plusieurs pays, nous facilitons l’accès de micro-entrepreneurs à l’électricité solaire, facteur de sécurité, de visibilité et de succès des commerces. Nous proposons aussi des réchauds de cuisson qui aident notamment les cuisinières de rue à préparer plus de plats en moins de temps et à réduire leur exposition aux fumées nocives.

Des adaptations et développements spécifiques en 2023

Certains pays où nous travaillons traversent des crises politiques très fortes (Burkina Faso, Myanmar, Haïti) qui déclenchent de véritables crises humanitaires.

Dans ces contextes difficiles, nous avons fait le maximum pour adapter et maintenir nos services et aider ainsi les entrepreneurs à garder la tête hors de l’eau, malgré la réduction de leur activité générée par l’insécurité et l’hyperinflation : réorganisations géographiques, ré-échelonnement des prêts, appui social renforcé.

Nous avons aussi, sur le modèle mis en place dès 2019 au Burkina Faso, créé avec l’ONG ATIA une mutuelle de santé spécifiquement conçue pour les besoins et capacités financières de nos bénéficiaires du Togo.

Par ailleurs, nous avons étendu géographiquement les IMFs, en ouvrant de nouvelles agences de proximité dans des zones rurales très isolées (Guinée forestière, Sierra Leone) où les services de base étaient très peu accessibles. Enfin, nous avons préparé l’ouverture en 2024 d’un programme au nord du Libéria, dans des zones naturelles à protéger, où les agriculteurs ne bénéficient d’aucun appui.

Agriculture durable et sécurité alimentaire

10%  DE LA POPULATION MONDIALE SOUFFRE DE LA FAIM
40 653 AGRICULTEURS ET AGRICULTRICES SOUTENUES
90 MODULES DE FORMATION

« L’agriculture familiale représente jusqu’à 80% de la production alimentaire, en Afrique. C’est donc sur elle que repose la sécurité alimentaire de tous. Nous soutenons avec force les petits producteurs et productrices agricoles ! »

Éric Eustache, responsable du pôle Agro-Entrepreneuriat

Impact de nos actions sur la nutrition

Nous contribuons à l’amélioration de la sécurité alimentaire en aidant tous les micro-entrepreneurs à générer un revenu plus important et plus régulier, et donc à garantir à leur famille une nourriture en quantité suffisante et de plus grande qualité. Nous aidons aussi de plus en plus de productrices et producteurs agricoles à augmenter la quantité, la qualité et la diversité de leur production.

Nous incluons aussi dans nos formations des modules sur la nutrition car même si la sous-nutrition recule, la malnutrition, elle, continue : les bénéficiaires sont souvent carencés en vitamines à cause de la faible consommation de légumes.

Au Burkina Faso, YIKRI a été récompensée par le Prix Européen de la Microfinance pour son travail sur la sécurité alimentaire. En Guinée Forestière, en partenariat avec l’APDRA, WAKILI encourage la mise en place d’activités de pisciculture, parce que le poisson est source de protéines qui améliore la croissance et le développement des enfants notamment.

Priorité aux développements en milieu rural

Depuis 2019, tous nos développements sont faits en zone rurale isolée pour prioriser les agriculteurs et agricultrices. En 2023, nous avons accompagné 40 653 producteurs et productrices agricoles, en leur proposant des crédits adaptés aux cycles agricoles, un appui à la sélection ou à la production de semences et des formations en agro-écologie pour améliorer les itinéraires agricoles, préserver l’eau, couvrir les sols, fabriquer des engrais et pesticides naturels, etc.

Cette agriculture coconstruite autour des savoir-faire paysans est peu coûteuse et adaptée aux conditions locales. Elle renforce la résilience face aux phénomènes climatiques.

Renforcement des chaines de valeur

Au-delà de ces pratiques en agro-écologie, Entrepreneurs du Monde (Sénégal, Togo) a commencé à soutenir les producteurs et productrices tout au long des chaînes de valeur agricoles pour qu’ils bénéficient d’une rémunération juste. L’objectif est de les inciter à continuer leur production agricole pour renforcer la sécurité alimentaire de tous. En voici les premières avancées :

  • 4 500 producteurs ont bénéficié d’une veille des prix des produits sur les principaux marchés pour qu’ils puissent décider quand et où vendre au mieux.
  • 350 producteurs ont bénéficié d’un service d’accès aux prévisions et alertes météo et à des comparaisons de prix des semences.
  • 4 greniers de stockage ont permis la conservation longue des produits fragiles et leur vente quand les prix remontent.
  • Appui à la négociation collective des producteurs pour réduire le nombre d’intermédiaires qui absorbent une grande part de la valeur ajoutée.

Énergie propre et abordable

16 086 FAMILLES ÉQUIPÉES
80 000 BÉNÉFICIAIRES DIRECTS
906 SÉANCES DE SENSIBILISATION

« En facilitant l’accès à des équipements d’éclairage et de cuisson économes et sûrs, qui réduisent la consommation de charbon de bois, nous aidons les plus vulnérables à améliorer leurs conditions de vie et de travail, leur santé et leur environnement »

Aude Petelot, responsable du pôle Énergie

Des services calés sur les besoins

Depuis 2010, nous coconstruisons, testons, ajustons et faisons évoluer des services qui répondent aux besoins des plus vulnérables parce qu’ils sont basés sur les principes d’action suivants :

  • Construire une gamme de produits avec les bénéficiaires pour répondre à leurs besoins.
  • Être proches des bénéficiaires, développer une relation de confiance avec eux, être capables de livrer au dernier kilomètre et de garantir un SAV fiable
  • Sélectionner, former et accompagner des promoteurs et des promotrices, des techniciens et des revendeurs au cœur des communautés pour assurer un lien constant.
  • Offrir des solutions de paiement des équipements, soit en direct (paiement échelonné sur quelques semaines ou mois ou PAY-As-You-Go au fil de l’usage), soit en partenariat avec des associations locales et des institutions de microfinance.

De complexes évolutions du contexte

Nous déployons notre action dans un contexte marqué par 5 éléments clé :

  1. L’énergie est un secteur d’activité dynamique, porté par des innovations techniques et marketing et des initiatives publiques. Aux Philippines, par exemple, elles ont permis d’atteindre 90% de la population. Mais, dans les zones les plus inaccessibles, il reste un million de foyers sans accès fiable à l’électricité.
  2. On pourrait se réjouir d’investissements de plus en plus nombreux. Mais les acteurs privés recherchent des temps de viabilité et des rentabilités qui ne permettent pas de servir les populations les plus vulnérables : ciblage des couches supérieures de la population, produits à bas prix de mauvaise qualité, distribution locale uniquement des plus gros produits hors d’accès pour les ménages modestes, points de vente sur les gros axes de communication dont sont éloignés nos bénéficiaires.
  3. Ces marchés sont ébranlés par des initiatives ponctuelles de distribution gratuite de produits qui réduisent la propension à payer des bénéficiaires et ne permettent d’assurer ni la qualité des produits et services, ni l’entretien, ni le renouvellement des équipements.
  4. Dans certains pays (Haïti, Burkina Faso), la forte insécurité a rendu très difficile les approvisionnements, les livraisons et les réunions de sensibilisation.
  5. Nous avons partiellement manqué de fonds de roulement pour acheter un stock suffisant à revendre à prix social.

Des réalisations notables en 2023

Malgré ce contexte difficile, nos équipes se sont démenées et ont :

  • équipé 16 086 familles en kits d’éclairage solaire et/ou en réchauds de cuisson consommant peu ou pas de charbon.
  • sélectionné et diffusé de nouveaux équipements de qualité chez Nafa Naana (Burkina Faso), Palmis Eneji (Haïti) et ATECo. (Philippines) : kits coiffeurs et congélateurs alimentés à l’énergie solaire.
  • conclu des partenariats pour renforcer les capacités en matière de sécurité électrique, installation de pompes solaires.
  • réalisé des études techniques poussées pour favoriser l’accès à l’énergie et l’entrepreneuriat (Togo, Burkina Faso, Haïti).
  • finalisé l’installation et la gestion de micro-réseaux d’énergie solaire sur des îles philippines très reculées pour 300 ménages dispersés et inaccessibles.
  • validé 38 000 crédits carbone chez MIVO (Togo) et 10 000 chez Nafa Naana (Burkina Faso) associés à la diffusion de réchauds GPL. La vente de ces crédits carbone sera une ressource précieuse pour déployer l’impact de ces entreprises sociales.
  • renforcé les partenariats avec des IMF au Burkina Faso pour servir leurs bénéficiaires.
  • agi via nos institutions de microfinance sociale là où nous n’avions pas d’entreprise sociale d’accès à l’énergie. Ainsi, FANSOTO (Sénégal) a encouragé l’achat de réchauds de cuisson modernes (750 dès la première année) en sélectionnant 3 modèles et en proposant des crédits énergie. Par ailleurs, MUNAFA (Sierra Leone) a réalisé une étude de faisabilité et des essais dans des familles pour mettre en place une offre similaire.

Lutte et adaptation aux changements climatiques

2.3 MILLIARDS DE PERSONNES DÉJÀ AFFECTÉES PAR LA SÉCHERESSE
12 MILLIONS D’HECTARES
PERDUS CHAQUE ANNÉE À CAUSE DE LA DÉSERTIFICATION

« Depuis plusieurs années, dans les pays où nous agissons, les conséquences des changements climatiques sont tangibles et inquiétantes. Les populations vulnérables que nous accompagnons en sont les premières victimes. Il est urgent de les aider à s’adapter ! »

Eugénie Constancias, responsable de la Performance Sociale et Environnementale

La proximité de nos équipes avec les communautés vulnérables déjà très impactées par les changements climatiques permet de les accompagner vers des pratiques plus résilientes.

Agro-écologie et agro-foresterie

L’agro-écologie est un levier-clé pour préserver et améliorer la ressource essentielle que constituent les sols. Nous encourageons notamment les pratiques de couvert des sols par de la matière organique pour améliorer la rétention d’eau. Les plantes résistent alors mieux à la chaleur et à la sécheresse.

L’agro-foresterie est un autre levier indispensable et nous encourageons la plantation d’arbres à proximité des zones de culture pour nourrir les sols en azote et favoriser l’infiltration de l’eau en profondeur grâce au réseau de racines.

Depuis 2019, nous avons déjà fortement déployé les formations en agro-écologie dans la plupart des pays où nous sommes actifs et nous dispensons des formations sur les conséquences de la déforestation pour amener nos bénéficiaires à préserver la forêt. De plus, dans 4 pays (Haïti, Burkina Faso, Togo, Sénégal), nous avons facilité l’accès à des réchauds de cuisson à gaz ou à des foyers de cuisson à bois qui en consomment moins pour lutter contre la déforestation.

En 2023, nous avons franchi un nouveau cap : nous avons initié les premières actions en agro-reforestation et proposé à des populations rurales des alternatives à la déforestation. Nous voulons, en effet, accompagner spécialement des populations vivant dans des écosystèmes à protéger, en encourageant des activités génératrices de revenus qui utilisent des pratiques agricoles plus durables pour contribuer à la préservation de la biodiversité dans ces zones.

Ainsi, en Guinée, WAKILI, en partenariat avec l’ambassade de France, a créé une agence dans la zone de Moussaya qui va devenir le premier Parc national de Guinée. Au Libéria, nous avons préparé l’ouverture en 2024 d’un programme dans des zones d’intérêt écologique, pour contribuer à les préserver. En effet, le Libéria abrite 40% de la forêt ouest africaine et il est essentiel de protéger cette biodiversité.

Ré-emploi des déchets plastiques

Par ailleurs, au Togo, MIAWODO lutte contre la pollution plastique, dont les conséquences sont dramatiques sur l’air et l’eau, et donc sur la santé de la population. En effet, une partie des plastiques est brûlée et émet des composés cancérigènes responsables de l’augmentation des maladies pulmonaires. L’autre partie encombre les canaux dont le niveau monte avec les pluies torrentielles, provoquant des inondations catastrophiques et un déversement croissant de matières polluantes dans la mer.

L’équipe forme et professionnalise les jeunes sur la filière de collecte et de ré-emploi des matières plastiques. En outre, en 2023, au sein du container fourni par Plastic Odyssée, elle a mené avec succès des tests de transformation du plastique en plaques destinées à la fabrication d’équipements à fort impact social : composteurs, tables et chaises d’écoles, abattants de latrines.

Notons aussi que partout où nous avons facilité l’accès à des équipements d’éclairage, de cuisson, de ventilation et/ou d’irrigation (pompes individuelles) mobiles, nous avons donné les moyens de maintenir l’activité et les usages de l’énergie en cas d’événement climatique qui déclenche des déplacements (typhons, inondations, sécheresses).

Émancipation des femmes

90% DES AFRICAINES TRAVAILLENT DANS L’ÉCONOMIE INFORMELLE
1 AFRICAINE SUR 10
A ACCÈAU CRÉDIT
133 630 FEMMES
APPUYÉS EN 2023

« Au-delà de l’autonomie économique des plus pauvres, et en particulier des femmes, nous contribuons à l’égalité des droits et des opportunités et renforçons la capacité des femmes à s’insérer, réussir, s’exprimer et décider. En effet, l’émancipation de la moitié de l’humanité est un facteur de progrès considérable et avéré ! »

Armelle Renaudin, cofondatrice

Des obstacles pour réussir

Les obstacles sont nombreux pour les femmes qui mènent un commerce, un élevage ou un atelier pour sortir leur famille de la précarité :

  • elles sont moins formées : elles sont allées moins longtemps et moins régulièrement à l’école que les hommes, notamment si elles ont été mariées jeunes.
  • la faible considération à leur égard réduit leur capacité à réussir leur commerce et à participer aux décisions collectives.
  • elles ont très difficilement accès au foncier et au crédit pour développer leur activité génératrice de revenu.
  • le caractère informel de leur activité les rend invisibles dans les analyses et planifications de l’État.
  • toutes n’ont pas de carte d’identité ni de contrat de mariage qui les protégeraient en cas de divorce.
  • elles ont rarement un permis moto qui les aiderait pourtant à déployer leur commerce, à économiser temps et fatigue.
  • elles sont les premières victimes des changements climatiques car elles ont la charge des cultures vivrières, et de la collecte eau/bois, dont l’accès est de plus en plus difficile.

Nos services pour les surmonter

Pour surmonter tous ces freins, nous leur donnons le pouvoir !

  • Épargner, c’est pouvoir sortir de l’angoisse du quotidien et construire l’avenir !
  • Emprunter, c’est pouvoir acheter plus d’ingrédients d’un coup, devenir plus importante aux yeux des fournisseurs et obtenir un prix de gros ; c’est pouvoir produire plus et dégager un revenu décent.
  • Se former, c’est pouvoir renforcer ses compétences et prendre conscience de ses droits pour devenir une entrepreneure solide, une femme affirmée.
  • Participer à un groupe, c’est pouvoir s’entraider.
  • Accéder à un équipement de cuisson ou d’éclairage moderne et efficace, c’est pouvoir vivre dignement : sortir du noir pour vivre et travailler, réduire son exposition aux fumées nocives et aux risques de brûlures, dépenser moins de temps à collecter du bois ou d’argent pour l’acheter.
  • Vendre des kits d’éclairage solaire et des réchauds de cuisson modernes, c’est pouvoir dégager un revenu et devenir un acteur local à fort impact social.
  • Accéder à un travailleur social, c’est pouvoir sortir de l’impuissance quand une difficulté supplémentaire surgit (violence conjugale, éducation et santé des enfants, etc).
  • Être soutenue dans ses activités agricoles, c’est pouvoir augmenter ses rendements et sa résilience aux changements climatiques.

Origine et emploi de nos ressources financières

Nos ressources financières s’élèvent à 5,3 M€ en 2023.  41% proviennent de financements publics et 43 % de la générosité du public, selon la ventilation ci-dessous.