Ne lâchons pas la population haïtienne !

En ce début d’année, le tableau reste sombre en Haïti. Le pays est en proie à une crise socio-politique sans précédent et l’insécurité atteint des niveaux records. L’État est inexistant et Port-au-Prince est largement contrôlée par les gangs.

Dans ce contexte, il est essentiel de rester aux côtés de la population ! De nombreux micro-entrepreneurs vulnérables se battent pour conserver leur activité malgré l’insécurité, la flambée des prix, les pénuries et la difficulté à s’approvisionner à cause des blocages routiers. Beaucoup, contraints de fuir leur région à cause de l’insécurité, ont dû tout recommencer ailleurs.

Alors que la plupart des acteurs internationaux ont quitté le pays, l’équipe de Palmis Mikwofinans Sosyal et celle de Palmis Enèji, animées par un directeur très investi depuis de nombreuses années, se mobilisent pour maintenir leurs services. Nous voulons vous convaincre, vous aussi, qu’il faut garder espoir !

Microfinance : une réorientation stratégique et géographique

L’adaptation est une règle d’or dans un contexte incertain et l’équipe de Palmis Mikwofinans Sosyal le sait.

En 2024, nous avons fusionné plusieurs agences et fermé l’une d’entre elles, afin de ne plus en avoir dans les zones à risques. Désormais, 5 agences sont actives et accompagnent environ 6 000 micro-entrepreneurs.

Nos efforts se concentrent à présent sur l’augmentation du fonds de crédit de Palmis Mikwofinans Sosyal, indispensable pour relancer les activités. La responsabilisation des directeurs d’agence et la réduction des dépenses de fonctionnement font partie des leviers activés.

Nous allons relancer les 4 agences en province (Les Cayes, Petit Goave-Leogane, Mirebalais et Hinche) en leur injectant du fonds de crédit et redéployer celle de Port-aux-Princes vers de nouvelles zones, en raison de l’insécurité croissante dans la capitale.

L’objectif est d’accompagner 8 000 bénéficiaires d’ici fin 2026.

Le besoin est là : environ 80% des institutions de microfinance qui étaient actives dans le pays ont fermé leurs portes ces 3 dernières années en raison de la crise. Palmis Mikwofinans Sosyal fait partie des 5 qui sont toujours actives.

Accès à l’énergie : un programme qui fait mieux que résister !

La stratégie de Palmis Eneji est elle aussi adaptée au fil de l’eau. Nous avons fermé les zones devenues inaccessibles, comme Les Cayes et Jeremie, et poursuivi les activités à Port-au-Prince et Hinche.

L’équipe est pleine d’idées et de ressources pour surmonter les obstacles ! Par exemple, quand son fournisseur de réchauds à gaz n’a plus été en mesure de la livrer, Palmis Eneji a innové et mis en place sa propre unité de production de réchauds à gaz.

Elle a aussi ouvert un centre de remplissage GPL pour faciliter l’accès aux recharges de ses clients. Enfin, elle a installé des équipements solaires pour les collectivités et entreprises, afin de diversifier ses revenus.

En 2024, Palmis Eneji a vendu 24 300 recharges de gaz en 2024 contre 1 800 en 2023 ! Le succès de ces produits prouve qu’ils répondent à un vrai besoin.

Saluons donc la performance de Palmis Eneji qui, malgré ce contexte on ne peut plus difficile, a augmenté son chiffres d’affaires de 60% et atteint un niveau record de 96% de viabilité financière en 2024 !

Cap vers le Nord Ouest ?

Aujourd’hui, l’équipe mène des actions de prospection dans le Nord Ouest, le département le plus pauvre d’Haïti, délaissé par les acteurs internationaux.

Là-bas aussi, un grand nombre de familles n’a pas accès à l’électricité et cuisine au bois. Palmis Eneji souhaite y étendre ses services en s’appuyant sur des acteurs de services financiers qui fédèrent déjà les familles au sein de groupes et en ouvrant des boutiques-relais.

L’équipe évalue aussi la pertinence de faciliter la mutualisation d’outils productifs alimentés par de l’énergie solaire, à destination d’entrepreneurs qui souhaitent transformer leur production : producteurs, pêcheurs, éleveurs…

Enfin, elle étudie la possibilité de mettre en place des magasins communautaires dans les principales communes, pour éviter aux petites commerçantes et aux agricultrices de devoir payer des coûts de transports exorbitants pour s’approvisionner dans les grandes villes.

Maintenir ses services dans des contextes très fragiles, où l’insécurité et l’instabilité ne font qu’accroître la pauvreté, fait partie de l’ADN d’Entrepreneurs du Monde. En Haïti, si Palmis Eneji tient bon grâce à l’implication de l’équipe, l’avenir de Palmis Mikwofinans Sosyal dépendra, lui, de sa capacité à augmenter son fonds de crédit. Vous êtes sensibles à cette situation et vous souhaitez vous engager à nos côtés ou avez des idées de soutien ? Parlons-en !

En 2016, j’ai ouvert un dépôt de boissons gazeuses. Petit à petit, j’ai diversifié mon activité en ajoutant des produits alimentaires et cosmétiques et investissant dans un moulin. Mais avec la crise économique et la concurrence, il était difficile d’assurer une rentabilité stable.

PMS m’a aidée à structurer mon activité et à atteindre une stabilité financière que je n’avais jamais eue auparavant. Aujourd’hui, je peux voir l’avenir avec confiance.

Grâce à mon activité, je peux financer les études de ma fille unique, assurer la sécurité financière de ma famille et contribuer à notre bien-être quotidien. Nous avons pu acheter notre maison et couvrir nos dépenses sans difficulté.

Marie Maude Compère Joseph, bénéficiaire de Palmis Mikwofinans Sosyal

En 1986, j’ai ouvert un commerce à Turgeau et je travaillais 7 jours sur 7 pour répondre aux besoins des consommateurs. Malgré les difficultés économiques et les responsabilités familiales, je m’accrochais et trouvais des solutions pour continuer à avancer.

Mon parcours prend un nouvel élan en 2013 avec PMS. Grâce aux prêts successifs, mon commerce s’est agrandi. Les formations de PMS m’ont appris à mieux gérer mon argent et surtout à épargner. Mon revenu mensuel a triplé.

Grâce à mon activité, j’ai pu élever seul mes six enfants, qui sont aujourd’hui indépendants et entrepreneurs.

Mon prochain objectif est d’installer une chambre froide pour stocker et vendre plus de boissons gazeuses en plus grande quantité.

Philippe Thomas Alexis, bénéficiaire de Palmis Mikwofinans Sosyal