La Croix – Au Cambodge, le microcrédit trouve les moyens de rebondir
La Croix, 26 novembre 2012
Auteur : SÉVERIN HUSSON
Après la crise de confiance qui l’a ébranlé, le secteur de la microfinance cherche à se relancer. Exemple au Cambodge, où il a séduit plus d’un million de clients tout en se tenant à l’écart des dérives.
Tout semble de guingois dans la maison de Meas Somaly. Les morceaux de tôle ondulée qui lui servent de façade, la petite table sur laquelle elle cuisine, les vêtements suspendus à la clôture en barbelés. Tout sauf son sourire, qu’elle affiche crânement au-dessous d’un regard décidé.
En cette fin d’après-midi, les clients ne se bousculent pas autour de son petit commerce, mais à voir les quantités de brochettes, de saucisses et de pattes de poulets en préparation, on comprend vite que son « fast-food » tourne correctement. Pour y accéder, il faut pourtant s’enfoncer dans le quartier pauvre de Steng Meanchey, jusqu’au bord du Bassac, l’un des bras du Mékong. « Ici, le fleuve déborde fréquemment, maugrée-t-elle. Alors tout est inondé et devient boueux ».
Cette année, elle a donc fait recouvrir le sol de son petit commerce par une dalle de béton. Un investissement réalisé grâce à un microcrédit 135 dollars (105 €), emprunté auprès de Chamroeun, [partenaire d’Entrepreneurs du Monde,] l’une des 32 institutions de microfinance (IMF) agréées par la banque centrale. A 48 ans, Meas Somaly en est a son troisième emprunt et visiblement, ça ne l’impressionne guère. « J’économise 2,5 dollars par jour, sourit-elle, et j’ai toujours remboursé sans problème ».
Comme elle, ils sont nombreux, au Cambodge, à avoir contracté un microcrédit. Pas étonnant ici, les trois quarts de la population vivent en zone rurale et seulement 300 000 personnes disposent d’un compte bancaire. « La microfinance répond à un besoin essentiel : […]