Le Pélerin – À Rouen, des maisonnettes mobiles pour les sans-abri
«Regardez ce que j’ai planté ! » Bernard a pris possession de son nouveau chez-lui depuis quelques jours à peine, mais il a déjà bêché son lopin de terre et semé des pousses de salades et de radis. « J’en apporterai à La case départ », promet cet ancien sans-abri de 63 ans qui, grâce à cette association rouennaise, vient de bénéficier d’un logement pour le moins atypique : une tiny house (ou micromaison) de 15 m², bardée de bois et montée sur remorque.
À l’intérieur, on trouve un espace nuit, des sanitaires (avec toilettes sèches) et un coin cuisine. Et, à l’extérieur, un petit bout de terrain. « Ça me convient bien, vivre entre quatre murs, c’est pas mon truc », confie cet ancien légionnaire qui a passé six ans dans la rue. « À la suite d’un divorce difficile, je me suis laissé aller, confie Bernard. J’ai vécu dans la forêt, je chassais les pigeons au lance-pierre… J’en ai vu des associations, mais à part m’apporter du café, un bout de pain et des cigarettes, elles n’avaient pas de solution pour moi. J’ai parfois voulu en finir. Aujourd’hui, j’ai le sentiment de pouvoir repartir de zéro. »
Une réponse à la précarité
Derrière cette renaissance, il y a Franck Renaudin, initiateur du programme Un toit vers l’emploi, qui propose aux personnes sans domicile fixe un parcours de réinsertion sociale et économique. Avec une approche innovante : offrir d’abord un logement, sous la forme d’une petite maison mobile et économe en énergie. « En découvrant le concept des tiny houses, j’ai eu une révélation : ce logement pouvait répondre aux besoins des personnes en grande précarité », explique le fondateur et ancien directeur de l’ONG Entrepreneurs du monde, qui se consacre à ce projet depuis 2019.
Très bien accueillie par la ville de Rouen, la démarche s’est concrétisée en mars 2020 par l’inauguration de deux premières maisons, baptisées Yoops, financées grâce à une levée de fonds et installées dans le parc d’une résidence pour personnes âgées. Depuis, trois autres ont fait leur apparition dans l’agglomération. Au total, huit personnes ont bénéficié de ces habitats alternatifs (temporaires ou permanents) et cinq d’entre elles ont retrouvé du travail en moins de trois mois. « Les gens de la rue sont cassés mais réparables », résume Alexandre, 44 ans, qui vit dans une Yoop depuis un an et demi et va suivre une formation d’accompagnant éducatif et social. « J’ai trouvé ma voie », se réjouit ce père de famille qui a rebondi grâce au suivi personnalisé offert par La case départ. « Je ne crois pas que tout se règle en donnant la clé d’un logement, explique Franck Renaudin. Il faut aussi un accompagnement. »
Un toit… et une activité
Espace d’écoute, d’information, d’orientation et… »
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