Salamata Bagua, bénéficiaire Yikri au Burkina Faso
Salamata Bagua est accompagnée par Yikri, programme de microfinance sociale d’Entrepreneurs du Monde au Burkina Faso. Elle témoigne.
« Elevée dans une famille en harmonie où l’on mangeait à notre faim, j’ai vécu une enfance heureuse. Cependant, je n’ai pas été à l’école et à 12 ans, j’ai commencé à vendre des galettes, des beignets et de l’igname bouillie.
De longues et difficiles années
J’ai été donnée en mariage par mon grand-père avant même ma naissance. A 17 ans, j’ai donc rejoint mon mari en Côte d’Ivoire. Je l’aidais dans sa plantation. Mais mon mari est devenu paralysé des membres inférieurs et nous avons quitté ce pays en 2009.
Ensuite, malheureusement, mon mari est retourné en Côté d’Ivoire à cause de la crise ici, et je suis restée seule avec les enfants, chez mon beau-frère, à Pabré.
J’ai vendu alors de l’attiéké*, des fritures et du poisson pendant 5 ans. Malheureusement, la mort de deux de mes enfants en un mois m’a beaucoup découragée. Je me suis enfuie avec mes autres enfants chez mon frère, à Rimkièta.
Pour faire vivre tout le monde, j’ai à la fois lavé du linge, vendu du sable et fendu du bois. J’ai réussi à économiser et à acheter un terrain à Marcoussi et j’ai construit une maison pour vivre enfin en autonomie avec mes enfants. Son état de santé s’empirant, mon mari est rentré définitivement mais il peut difficilement travailler.
Enfin un business choisi et solide !
En 2015, je me suis enfin lancée dans la restauration et YIKRI** m’a aidée ! En 3 ans, j’ai obtenu cinq prêts de 80 000 à 540 000 francs CFA (soit de 120€ à 820€), grâce auxquels j’ai pu construire un kiosque et une cuisine, acheter des tables, chaises, vaisselle, casseroles. Progressivement la clientèle a grossi, j’ai diversifié mes plats, augmenté mes bénéfices.
Avec mon courage, ma détermination et ma capacité à planifier, j’ai réussi à m’en sortir !
J’ai construit deux maisonnettes. Je peux désormais prendre en charge mon mari, 3 enfants et 4 petits-enfants. Mon fils ainé travaille dans la plantation de son père et m’envoie souvent de l’argent. Enfin, ma fille Léa est mariée et fait une formation professionnelle en couture.
De beaux résultats qui ne s’arrêtent pas là !
Je suis la Vice-Présidente de l’Association Wend Nongdo qui prône l’entraide mutuelle et le partage de connaissances.
J’ai donc aidé une voisine en difficulté suite au décès de son mari : je lui ai donné de quoi démarrer la vente de condiments. Aujourd’hui, elle arrive elle aussi à nourrir et scolariser ses enfants ! J’aimerais aussi aider ma fille Marie à ouvrir son propre restaurant pour qu’elle puisse elle aussi réussir et s’épanouir ! »
* Attiéké : spécialité culinaire à base de manioc
** Yikri : institution de microfinance sociale créée et incubée par Entrepreneurs du Monde