Le microcrédit

Le microcrédit

L’ONG Entrepreneurs du Monde propose depuis plus de 20 ans en Afrique, Asie et Haïti des programmes de microfinance. Des petites sommes sont prêtées aux plus démunis pour les aider à entreprendre un projet entrepreneurial malgré leurs difficultés, dans une démarche sociale et solidaire. Cette microfinance à dimension sociale permet aux plus démunis d’accéder à des services financiers (microcrédits, épargne), à des formations gratuites et d’ainsi développer une activité génératrice de revenus et d’améliorer leurs conditions de vie.

Qu’est-ce que le microcrédit ? En quoi le microcrédit est un levier d’action pour combattre la pauvreté ?

 

Définition : Le microcrédit est un dispositif qui consiste à prêter de faibles sommes d’argent à des personnes n’ayant pas accès au système bancaire classique. Ces dernières ne disposent pas de garanties réelles, d’apport personnel suffisant, et le montant dont elles ont besoin est trop faible pour intéresser les banques.

D’où vient le microcrédit ?

Bien qu’il ait été pratiqué depuis bien plus longtemps, le microcrédit doit sa popularité au Pr Muhammad Yunus. Au début des années 70, ce professeur d’économie au Bengladesh constate en effet avec ses étudiants que de nombreux artisans et marchands de son pays n’ont pas accès à des prêts bancaires pour développer leur activité, en raison du trop faible montant que chacun demande et de l’absence de garantie qu’ils peuvent fournir. Il propose alors à un groupe d’artisans de leur prêter la somme totale dont ils ont besoin : chacun investit dans son activité le montant qu’il a demandé au sein du groupe et en tire les bénéfices, tous remboursent ensemble le prêt que la communauté a reçu.

Tirant parti de cette expérience, Muhammad Yunus crée en 1976 la Grameen Bank, institution bancaire bengalaise ayant pour vocation de prêter aux plus pauvres. Il reçoit le prix Nobel de la paix en 2006.

Pourquoi le microcrédit ?

Pour répondre aux besoins vitaux de leur famille, en Haïti, en Afrique et en Asie, dans les bidonvilles et les zones rurales isolées, des femmes et des hommes très pauvres et entreprenants développent une activité génératrice de revenus : étal de fruits et légumes, micro-épicerie, salon de coiffure, couture, cantine de rue, etc.

Le principal frein au développement de leur activité est le manque de capital : ces micro-entrepreneurs n’ont pas accès à des services bancaires classiques, car le montant dont ils ont besoin est trop faible pour intéresser les banques, et ils n’ont pas de garantie à leur présenter.

Dans certains cas, ces micro-entrepreneurs ont recours aux services d’usuriers, qui pratiquent des taux très élevés, sur des montants parfois déraisonnables et contribuent à les enfermer dans le cercle vicieux du surendettement.

Le microcrédit permet au contraire aux micro-entrepreneurs de progresser sûrement : il leur permet d’accéder successivement à de petits emprunts adaptés à leur besoin et à leur capacité de remboursement, et est enrichi d’un accompagnement qui favorise le partage d’expérience et de bonnes pratiques.

Microcrédit : ils témoignent

 

Microfinance sociale

Quelles sont les particularités du microcrédit ?

Le microcrédit se différencie d’un prêt bancaire classique sur les points suivants :

Objet : Le microcrédit sert exclusivement à créer ou développer des activités génératrices de revenu.

Montant : Le montant d’un microcrédit est plus faible que celui d’un prêt bancaire. Il est adapté au besoin de la personne qui en bénéficie. Selon les institutions de microfinance et les pays dans lequel il est pratiqué, le montant moyen du prêt est variable.

Taux d’intérêt : Les taux auxquels sont accordés ces microcrédits sont en revanche généralement plus élevés que ceux d’un prêt bancaire. Ils sont nécessaires aux IMF* pour couvrir leurs frais de fonctionnement, qui incluent le travail d’agents de crédits, les déplacements pour se rendre auprès d’emprunteurs situés dans des zones parfois éloignées, et bien souvent des services prodigués en parallèle à l’obtention d’un crédit : formations, accompagnement social, etc.

Durée de remboursement : Les durées de remboursement sont plus courtes que celles d’un prêt classique. Par exemple, un prêt de 150 € est généralement remboursé sur 3-4 mois.

Peu ou pas de garantie : Contrairement aux banques, la plupart des IMF ne demandent pas de garantie financière ou matérielle à leurs emprunteurs.

Différentes méthodologies : La méthodologie d’une IMF régit la manière dont elle choisit d’accorder ses prêts à ses bénéficiaires. Certaines comptent sur la solidarité d’un groupe d’emprunteurs pour compléter les manques de remboursement, d’autres choisissent de ne pas pénaliser les autres membres du groupe et de ne leur faire bénéficier que de ses aspects positifs : partage d’expérience, formations en groupe, lutte contre l’isolement, etc.

Les méthodologies portent également sur la formation socio-professionnelle de ses emprunteurs, ainsi que sur les conditions d’utilisation de leur livret d’épargne.

* IMF : Institution de Microfinance

Où se pratique le microcrédit ?

Au cours des dernières décennies, le microcrédit s’est développé dans les pays en développement.

Les méthodes s’adaptent aux contextes culturel, social, économique et politique de chaque pays. En outre, le microcrédit ne se pratique pas en milieu urbain (principalement pour des activités d’achat-revente) de la même façon qu’en zone rurale (les activités agricoles exigent des montants plus importants et, des échéances de remboursement plus longues, en raison des cycles agricoles.

Le microcrédit existe aussi dans les pays développés. En France, l’Adie (Association pour le Droit à l’Initiative Economique – www.adie.org) est le principal acteur du secteur.

Le microcrédit est-il un outil efficace de lutte contre la pauvreté ?

Considéré à l’origine comme une solution miracle par de nombreux acteurs, le microcrédit a néanmoins rapidement démontré qu’il avait lui aussi ses failles, et que s’il était mal utilisé, il pouvait avoir des effets aussi dévastateurs que ceux des usuriers peu scrupuleux.

D’une part, certains bénéficiaires, en se voyant facilement accorder des microcrédits, en sollicitent plusieurs sans mesurer leur capacité à les rembourser.

D’autre part certaines institutions de microfinance oublient l’objectif social du microcrédit – permettre à des populations défavorisées d’améliorer leurs conditions de vie – pour privilégier leur rentabilité. Elles rentrent alors dans une « course aux emprunteurs » et octroient un maximum de microcrédits à n’importe qui, pour n’importe quoi, et sans assurer le minimum d’accompagnement. Quand vient le temps des difficultés de remboursement (inévitables dans ces conditions d’octroi), certaines ont même recours à la violence ou à la pression sociale.

Mais ces dérives, identifiées et combattues aujourd’hui, ne doivent pas ternir l’image du microcrédit. Comme d’autres solutions de développement, le microcrédit est bénéfique s’il respecte les besoins des bénéficiaires et s’il est assorti d’outils complémentaires : incitation à l’épargne, formations, réunions de groupes d’emprunteurs, accompagnement social quand nécessaire. Le microcrédit a alors toutes ses chances d’être employé à bon escient, et devient alors un véritable outil de développement socio-économique pérenne des familles.

Une bénéficiaire Entrepreneurs du Monde

La microfinance vue par Entrepreneurs du Monde ?

Cette dimension sociale est au cœur de la méthodologie d’Entrepreneurs du Monde. Les services financiers (microcrédit et épargne) sont assortis de services socio-économiques qui renforcent les capacités des familles et réduisent leur isolement et leur vulnérabilité.

Formation

Les micro-entrepreneurs, organisés en groupes, se rencontrent régulièrement pour participer à un partage d’expérience et à une formation professionnelle (gestion, vente…) ou sociale (santé, éducation, confiance en soi…). Chaque groupe élit son président, son trésorier, et dans certains pays, un éducateur, relai du formateur sur les questions sociales.

Accompagnement

L’agent-conseil encourage les micro-entrepreneurs, les conseille et évalue précisément les progrès socio-économiques de leur famille. Ceux qui en ont besoin bénéficient d’un accompagnement social renforcé (écoute psychologique, mise en relation avec des organismes sociaux compétents…).

Micro-assurance santé

Certains de nos partenaires aident les micro-entrepreneurs à souscrire à une micro-assurance santé et subventionnent les 3 premières années de cotisation. Les familles paient alors beaucoup moins cher les médicaments et les soins, et ne sont plus acculés à puiser dans le fonds de roulement de leur activité pour faire face à ces dépenses de santé.

Méthodologie de groupe à responsabilité individuelle

Entrepreneurs du Monde promeut une méthodologie de prêts à responsabilité individuelle, accordés au sein d’un groupe. La gestion du crédit et de son remboursement est de la responsabilité de chacun, mais les emprunteurs se réunissent régulièrement pour bénéficier ensemble de formations et de partage d’expériences, et pour éviter l’isolement.